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Découverte de l'Amazonie, Iquitos, Pérou

Nicolas & Marion


Le Pérou se distingue en trois grandes régions : Les Andes, les Côtes bordées par l’Océan Pacifique et l’Amazonie. Quoique cette dernière n’a pas vraiment de frontières et est accessible aussi depuis la Colombie, le Venezuela, la Bolivie ou le Brésil, et encore une plus maigre partie depuis le Suriname et la Guyane.

C’est donc du côté péruvien que nous décidons de nous rendre pour accéder à la jungle amazonienne, les poumons de notre Terre. Iquitos présentée comme la plus grande ville non accessible par le réseau routier est forcément déjà intrigante. Quel est le mode de vie de cette population coupée du monde ? Et finalement quelques jours passés sur place nous ont laissé une étrange impression. C’est ni de l’insécurité ni du dégoût. Pas d’anecdotes particulières autre qu’il y a peu de voitures et beaucoup de motos à trois roues servant de taxi. On se sent pas vraiment rejetés. A contrario on est pas non plus accueillis les bras ouverts. Une espèce d’indifférence dira-t-on. On se fait saluer de temps à autre mais rien n’est vraiment fait pour attirer le touriste.


Boisson locale obtenue par l'émulsion de blanc d'oeuf, de sucre de canne et de bière. Constamment fouettée à la main pour conserver sa texture mousseuse et consistante en bouche. Excellent. (marché de Belen, Iquitos)

D’usage, on évite les endroits bondés de touristes donc on devrait s'y sentir bien à priori mais ici on se dit qu’on devrait pas perdre trop de temps dans cette ville et qu’il vaudrait mieux se tourner vers la raison de notre venue : un trip dans la selva, in da jungle ! Et on en a eu à hauteur de nos attentes et plus encore.

Villy n’a que 22 ans mais connait la jungle comme sa poche. C’est notre guide pour les quatre prochains jours. Il sait tout sur tout. Rien de ne lui échappe, les oiseaux, les singes, les insectes, les reptiliens, aussi les arbres et leurs secrets. Il connaît leur nom d’usage, leur nom local et aussi leur terminologie scientifique. Implacable.

Cinq heures de voyages sont nécessaires pour arriver à notre lodge. De l’énorme fleuve Amazone, on emprunte ensuite une rivière à la particularité surprenante, le changement de couleur de l’eau. C’est presque un trait tiré pour séparer la rivière de son fleuve. De là, l’eau devient beaucoup plus foncée tel un sachet de thé trop longtemps infusé. C’est en fait dû au faible courant dans cette rivière et à la décomposition du bois des arbres.

On a à peine le temps de déposer nos affaires dans notre chambre. Tout est très rustique mais les lieux respirent la tranquillité et la vraie nature. Des oiseaux au bruit inconnu comme celui qui imite une goutte d’eau à la perfection. La résonnance en est déconcertante. Villy vient nous prévenir de ne pas nous inquiéter. Dans le lodge il y a araignées, tarentules et possiblement scorpions « Ce sont vos amis, en fait, ils mangent les moustiques alors « pas besoin d’anti-moustiques pour dormir ! » nous dit-il. J’aime bien son sens de l’humour mais la moustiquaire ne sera pas de trop tout de même. Et il avait bien raison le Villy puisque nous découvrons une tarentule dans notre chambre pas beaucoup plus tard ce jour-là qu'il viendra saisir dans ces mains pour la relâcher dehors avec un air moqueur car « It’s just a baby tarentula ».

On part explorer les environs jusqu’à la tombée de la nuit. C’est dans une très fine barque motorisée que nous nous engageons plus profond dans la rivière pourpre les yeux grands ouverts mais Villy et Gustavo, son « guide assistant », sont bien trop forts. Ils repèrent tout. Des vrais yeux d’aigle, même les singes très très hauts perchés et extrêmement silencieux. Ici, ils sont aussi les proies de rapaces capables de les saisir à la volée. Alors le silence est d’or. Pas de cris de macaques agités.

La nuit tombe assez brutalement alors que nous naviguons toujours. Ce qui n’est pas plus mal car ça laisse peut être enfin un peu de place à la fraicheur. Qu’est-ce qu’il fait chaud et humide dans cette jungle ! On ralentit et voilà déjà dix à quinze bonnes minutes que Villy scanne l’horizon et les herbes à la lampe torche. On se doute bien qu’il cherche quelque chose. Mais quoi ? Une inoffensive minuscule grenouille jaune peut-être? J'en suis pas certain.

Soudain il fait signe à Gustavo. Les deux se comprennent. Gustavo accélère en direction des herbes hautes alors que Villy à califourchon sur le devant de la barque s’apprête à passer à l’action. C’est armé de ces mains nues qu’il se jette corps entier dans l’eau. Et voilà qu’il nous en sort un bébé caïman. La pauvre bête s’est fait trahir par le reflet rouge de la lumière dans ces yeux. Et notre brave guide n’a pas raté l’occasion de nous faire ce spectacle. Il nous avouera plus tard et bien qu’on comprenait l’opération risquée qu’il ne peut pas identifier la taille du caïman à la simple vue des yeux et donc espère ne pas avoir affaire à un caïman adulte pouvant mesurer ici jusqu’à 2,5 mètres. Mais sa véritable crainte est une toute autre espèce. L’anguille électrique vit dans ces eaux et ses décharges sont capables de tuer un être humain.


Le lendemain on est parti voir les dauphins dont deux différentes espèces vivent dans les eaux de l’Amazone. Le dauphin gris tel que nous le connaissons et aussi le dauphin rose! Malheureusement ni l’un ni l’autre se laissent facilement se faire prendre en photo.

S’en suit une après-midi des plus instructives dans la jungle. On y apprend comment les populations locales utilisent leurs ressources naturelles pour se soigner. Plaies à vif, maux intestinaux, arthrite, diabète, anti moustique naturel… tout est là autour de nous.

Les arbres regorgent de propriétés médicinales insoupçonnables. Dans cette forêt primaire, nous croisons plusieurs arbres multi centenaires dont certains auraient 800 ans. Mais c’est aussi dans ces régions que vit l’arbre hévéa, l’arbre « caoutchouc ».

On en a fait l’expérience. Il suffit d’inciser son écorce pour qu’un liquide blanchâtre apparaisse. Au contact de l’air celui-ci se durcit et devient élastique. Goodyear fut le premier industriel automobile à découvrir que mélanger au soufre, le caoutchouc devient résistant et créé ainsi le pneu. S’en suit une triste surexploitation de ces régions amazoniennes et de ses populations indigènes. Elles se sont durement fait exploitées depuis la fin du XVIIIème siècle nous raconte Villy rappelant l’esclavage noir. Pour l’histoire, cela prendra un terme lorsque les anglais réussiront à acclimater les hévéas en Asie pour une plus importante production dès le début du XXème siècle.

Plus gai, nous allons rendre visite à une famille dans un village ayant « adopté » un paresseux répondant au nom de « Pablito ». Nous en avions croisé un dans la nature mais il était si haut perché et vu leur vitesse de déplacement, on aurait pu attendre longtemps avant de le voir de plus près. De toute façon, le paresseux, seul dans son arbre, ne descend qu’une fois par semaine pour faire ses besoins au pied de l’arbre et ainsi marquer son territoire. Là-haut, il passe le plus clair de son temps à mâchouiller des feuilles et à dormir. Mais d’ici-bas, c’est vraiment une jolie boule de poils qui contrairement aux apparences sont vraiment très doux. Une rencontre inoubliable entre Marion et Pablito.


De retour dans la jungle, on croise la nuit des espèces tout aussi adorables comme les scorpions ou les tarentules.

Il faut dire que la tarentule qui s’est baladée sur mon bras avait peu de temps avant littéralement tué sa congénère pour avoir un nid douillet à elle toute seule. C’est ainsi qu’on pourra admirer les jolis crocs du cadavre de la perdante. Il paraîtrait que les morsures sont douloureuses à défaut d’être dangereuses…


Dans la catégorie gentilles fourmies, les "Leafcutter Ants" sont très drôles à regarder travailler.

Le jour suivant nous allons déjeuner en pleine nature. Gustavo s’active et nous prépare un véritable festin disposant des moyens du bord.

Au menu entre autres de la viande de bœuf dont on sauvera une petite part. Nous nous en servons sur notre chemin du retour pour faire un peu de sport local : la pêche aux piranhas. Il ne faut pas longtemps pour voir notre réserve de bœuf cru s’épuiser. Mais ce n’est pas un problème. Comme appât pour pêcher les piranhas, il suffit d’utiliser des piranhas pêchés à l’aide du bœuf. Un bel exemple de cercle vertueux dont notre seule imite est désormais la quantité de piranhas de la rivière !



Le ciel se montre menaçant mais ce n’est qu’une fine pluie qui nous rafraichira quelques instants plus tard. Amarrés sur le bas-côté sur cette calme rivière, on se sent bien. Très loin de toutes civilisations..

Toute bonne chose a une fin et nous voilà de retour à Iquitos, nous préparons sans plus tarder notre départ pour la Colombie. Ce n’est donc pas possible par les routes et nous optons donc pour un autre moyen. Un bateau cargo qui nous emmène en 2,5 jours à la frontière colombienne dans la ville de Leticia. C’est une nouvelle expérience pour nous puisque nous nous apprêtons à dormir sur des hamacs parmi trente à quarante autres passagers, principalement des locaux. Autant la première nuit se passe bien sous motif de la découverte, autant la deuxième nuit est plus longue. Plus de passagers et peut-être trop de bières à bord. Ce qui n’empêche pas d’arriver à bon port, fatigués certes. L’atmosphère change de suite. La musique aussi. C’est autre chose ! On rencontre deux canadiennes et un couple autrichien dans notre auberge et passons l’après-midi au calme près d’une rivière à l’ombre du soleil. Demain c’est Bogota !



DOWN THE AMAZONE FOREST: HOW BIG HOW GREEN HOW BEAUTIFUL


Le contraste climatique se fait sentir. De l’air sec et des soirées froides de Cusco, nous sommes plongés dans une humidité chaude continuelle. Avec une hygrométrie de 80%, on se liquéfie au moindre effort. Bienvenue dans l’Amazonie !

Nous prenons congés rapidement de la turbulence de la ville d'Iquitos aux milliers de mototaxis pour se rendre là où la Nature prend son sens le plus sauvage.

On peut dire -même si tôt dans notre découverte du Monde- qu’il n’y a rien d’égalable à l’Amazonie. Une expérience assez brève et superficielle, certes, mais suffisante pour se sentir tout petit et très humble face à cette immensité mythique qui abrite encore des peuples primitifs isolés de tout contact avec la modernité.

Pourtant hostile à chaque recoins d’écorce ou abords de rive, les ressources qu’elle offre aux communautés villageoises sont infinies. Villy, notre guide ne cessera de nous dire : « There is everything here ».

En parlant d'hostilité, voici la "Bullet Ant" l'une des plus dangereuses fourmis dont la piqûre est similaire à la douleur causée par l'impact d'une balle d'arme à feu, et ce, pendant 24 heures!

Six heures de voyage, un mototaxi, un taxi et un bateau nous mènent à Cumaceba Creek à 260 kms d’Iquitos où notre lodge se trouve le long de la rivière Cumaceba, affluente au fleuve Amazone.

Durant la traversée les dauphins roses nous auront fait l’honneur de nous accompagner et agrémenter une partie de notre trajet.

Villy nous fera remarquer l’empreinte du niveau des eaux atteint en période de crue observable sur les troncs des arbres qui bordent le fleuve. Nous comprenons à quel point les habitants peuvent être menacés pendant la saison des pluies rendant leur habitations -pourtant haut perchées sur pilottis - vulnérables aux inondations et sujettes aux allées et venues d’animaux peu désirables comme des serpents.

On l’a fait !

  • Se laver avec l’eau de la rivière. C’est de l’eau brune qui sort du robinet. Celle infusée par les écorces et feuilles mortes. Elle n’est ni traitée, ni calcaire. On n’aura jamais eu la peau aussi douce.

  • Se faire parcourir le corps par une Tarentule. Qui de la petite ou de la grosse bête a peur de l’autre ? La réaction « en miroir » de la Tarentule nous indique comment il faut se comporter. Hypersensible, elle capte les battements de cœur de celui qui la reçoit. Donc pas de stress, sinon elle va paniquer et se sentir en danger et potentiellement attaquer. Une belle leçon sur nos comportements en général. Une belle rencontre, en toute sérénité.

Croquer une larve vivante. Finalement ça a le gout de la noix qu’elle mange et c’est une bonne source de protéines à tout moment disponible pour poursuivre son chemin dans l’Amazonie.

Avec tout le respect que nous devons pour les habitants de l’Amazonie et leur mode de vie, ce séjour aura été une mise à l’épreuve de nos normes de confort occidentales. Et c’est tant mieux.

On remercie Villy pour son savoir et son amour véritable de la jungle. Descendant d’indigène, il perpétue l’héritage de ces ancêtres en parlant encore le langage Kukama Kukamilla.


Muchas Gracias Amigo, God bless you and the Amazonia!






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